Philippe Palos, cinq ans de présidence !

Interview

En 5 ans, Philippe Palos, le président des Ours de Toulouse et son équipe, ont fait franchir un cap à la structure Toulousaine. Interview de l’homme qui a su réunir une équipe de bénévoles capable de donner une autre envergure aux Ours.

Quel impact social souhaitez-vous que le club ait sur le quartier, la ville ?
Animer un Club sportif en milieu urbain, c’est être en prise directe avec les petites et grandes difficultés de notre société. Mais si nous sommes  des observateurs privilégiés, nous devons aussi apporter des réponses. Il suffit de suivre l'actualité pour comprendre que le vivre-ensemble est un défi de chaque jour...


De par mon histoire personnelle et mes convictions profondes, il y a bien longtemps que je pense que cette question est un enjeu majeur, en tous cas elle détermine résolument mon action.
 
C’est pour cela que dans notre projet de club l'important c'est l'humain, ce sont les rencontres humaines, des rencontres qui ne seraient pas possibles ailleurs. Le vivre ensemble passe par la détermination de règles et d’objectifs, bien avant la recherche de résultats sportifs. Le fait d'aider son prochain ou faire passer un palier à un jeune, un coéquipier, est à cet égard plus important que la petite victoire du week-end. Le résultat n'étant qu'une finalité, la concrétisation d'un processus de formation et d'entraide.
 
Par boutade, mais aussi pour me faire bien comprendre, il m’arrive de dire aux nouveaux entrants que la démocratie s'arrête au portail du club et qu'ensuite nous sommes tenus par des contraintes, avec notre jeu, nos règles, le respect et la discipline. Et cela marche. En  tous cas, nous avons réussi à créer un lieu de rencontre où la différence de chacun fait notre force. La réussite de notre projet nous a permis de dépasser les limites de notre quartier, aujourd'hui nous avons des licenciés hommes et femmes qui arrivent de toute la région, de tous les quartiers et de tous les milieux sociaux.
 
Ainsi, il n'est pas surprenant chez nous de voir des ingénieurs issus d'autres régions de France jouer avec des jeunes de la Faourette, de Bagatelle, de la Reynerie ou d’autres quartiers.Ici se côtoient au quotidien des chauffeurs-livreurs, des policiers, des étudiants, des avocats, des commerciaux, des chefs d'entreprise, des chômeurs et des personnes en situation de handicap. Il y a en réalité très peu d’endroits où il y a une mixité aussi poussée, les gens sont en demande, et les échanges générés permettent à chacun de s'ouvrir sur le monde qui l'entoure, de grandir et de faire grandir. Du fait que nous touchons des publics variés, y a un impact social fort qui recrée du lien et des solidarités concrètes dans notre ville.
 
Votre club accueille les garçons, les filles, les handicapés, comment avez-vous fait pour créer une si grande famille ?
Comme vous l’avez compris, la notion de mixité est pour moi une base non négociable. Ajoutez-y que je ne supporte pas l'injustice. La richesse du sport c'est aussi sa capacité à réunir tout le monde. Le sport est un outil que nous utilisons pour permettre aux personnes de s'épanouir, de se dépasser, de surpasser leurs peurs et de se rencontrer avec un but commun.
 
Les sports que nous pratiquons ont aussi l'avantage de permettre à tous de s'exprimer, tous les gabarits peuvent trouver leur place. Tout le monde peut apporter sa pierre à l'édifice.
 
Ensuite, notre politique est basée sur le travail et l'exemplarité. Je ne peux pas demander à mes licenciés de s'investir dans un projet si derrière je ne montre pas l'exemple, un peu comme un père de famille. Un jour ma fille m'a demandé pourquoi je m'occupais autant des autres. Je lui ai répondu qu'à la maison je pouvais la protéger de tout, mais à l'extérieur ce n'est pas le cas, et que si nous voulions un monde meilleur il fallait être acteur de ce monde et non spectateur.
 
Depuis votre arrivée, le club a clairement pris une autre dimension, avec quelles convictions êtes-vous arrivé à ce résultat ?
Mes convictions sont simples, je pense que nous sommes tous capables de grandes choses. J'ai toujours géré mes différents clubs et la ligue avec la même énergie que sur le terrain, et je ne me fixe aucune limite. Mais il ne faut pas s'y tromper,l’enjeu est surtout d’arriver à fédérer des bénévoles autour d'un projet commun. En motivant les énergies susceptibles d’apporter un plus au projet, nous avons bâti un collectif qui n'a qu'un seul objectif : servir l'ensemble des licenciés.
 
Nous fédérons plus grâce aux projets liés au féminines, aux jeunes ou aux handicapés qu'autour d'un unique projet de retour en élite de notre équipe fanion. Pourtant c'est bien grâce à ces projets de formation et à ces bénévoles que dans quelques années l'équipe une sera en élite, grâce au travail de l'ensemble du club.
 
Le plus important pour moi est de m'entourer d'équipes opérationnelles en qui j'ai une totale confiance. Chacun a son rôle a tenir, et tous sont importants pour moi, du responsable de bureau au bénévole en charge de nettoyer le matériel, sans oublier les agents de la mairie de Toulouse. Sans eux rien ne serait possible.

Le club des Ours ce n’est pas que du Foot US, c’est devenu un moyen d’expression pour beaucoup de gens, combien de personnes sont en lien direct avec l’association ?
Il est difficile de donner des éléments chiffrés, si ce n’est que le club compte près de 500 licenciés directs, chiffre en forte progression qui le place désormais parmi les plus importants de sa catégorie en France et lui donne une réelle visibilité nationale.

 

Par ailleurs, il est certain que le Club a aujourd’hui un fort potentiel de communication. Nous avons investi avec succès sur les nouveaux modes de communication et à titre d’exemple, nous comptons plusieurs milliers de fans sur Facebook. Mais nous n’allons pas en rester là, nous voulons élargir notre audience auprès de notre public.
Je souhaite que le Club soit à la fois une réussite sociale et sportive, mais aussi un moyen d’échanges et de rencontres pour notre public.  
 
Quelles sont les valeurs qui vous tiennent à cœur, vous et votre équipe de bénévoles ?
Nos valeurs ? Le travail, la confiance, l'entraide, l'amitié. C'est un défi de trouver des gens qui s'investissent dans les associations. Il faut imaginer que mon équipe proche ne se compose ni de joueurs, ni d'entraîneurs, et tous n'ont pas joué au football américain, mais ils sont là pour que les autres s'épanouissent, pour que les enfants jouent, que les handicaps s'effacent et que chacun trouve sa place. Notre force principale est le don de soi et si chaque mercredi, chaque dimanche nos jeunes ont un sourire grand comme ça, nous tenons notre victoire !

 

De notre engagement et de nos valeurs est née la devise des Ours : " Ne le rêve pas… fais le ! "