Yoan Schnee, visite chez les Ours !

Rencontre…

@ Éric Gutierrez

Lors du dernier match à domicile, qui à vu la victoire des Ours face aux Irons Mask de Cannes (27-21), nous avons eu le plaisir d’accueillir dans les travées du stade des Argoulets, le «Golden Boy» du football français, Yoan Schnee.
À cette occasion, l’ancien capitaine des bleus (lors des campagnes en Allemagne et au Japon) a gentiment accepté de répondre à nos questions, et de faire ainsi le point sur sa longue et productive carrière, tout en évoquant le futur, sans oublier nos Ours.

Pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore… peux-tu nous résumer rapidement ta magnifique carrière de joueur ?
J’ai débuté le foot en 1994 aux Chiefs des Ulis (91) a côté de Paris, c’est la que je me suis passionné pour ce sport. Je voulais pratiquer un sport de contact, les valeurs d’esprit d’équipe et de rigueur m’ont de suite donné le virus. J’ai adoré jouer en D3, mais j’ai vite voulu progresser, l’année suivante je suis donc parti aux Castors-Sphinx du Plessis Robison (92). Deux ans après, durant l’été 96, j’ai participé à un camp des Argos qui m’ont ensuite recruté. J’ai joué pour eux 5 saisons (1997-1999, 2001-2002) avec à la clef  4 titres de Champion Elite. J’ai eu l’opportunité de pouvoir aussi jouer pour l'Université de Tennessee-Chattanooga (1999-2000), la fac par laquelle est aussi passé Terrell Owens. Lors de mon retour sur le vieux continent, je me suis engagé avec les Swarco Raiders d’Innsbruck pour mon 1er contrat pro, avant de revenir aux Argos pour faire mon Master.

Je suppose que ton passage en NFL Europe est l’une de tes expériences les plus marquantes ?
Sans aucun doute. Les scouts NFL étaient présents lors de la campagne victorieuse de l’équipe de France en Suède et Finlande, et j’ai donc été invité à participer aux camps d’entraînements de la NFL Europe. J’ai eu la chance et le bonheur d’être sélectionné. En 2003, puis de 2005 à 2007, avec les Admirals d’Amsterdam, entrecoupé d’une saison en 2004 pour les Rhein Fire. C’était l'environnement parfait pour performer au plus haut niveau. Mon expérience à Tennessee m'avait bien préparé à la facon toujours très rigoureuse de travailler des américains. C’est avec Amsterdam que j’ai vécu le plus beau moment de ma carrière avec une victoire lors du World Bowl 2005. C'est la 1ère saison où j'ai vraiment beaucoup contribué en attaque. Pendant ma période NFLE, en plus des saisons avec les Admirals, de 2004 à 2006, je faisais des piges en GFL avec les Dresden Monarchs. J’ai ensuite continué mon tour d’Europe. J’ai décroché un titre de champion du Danemark en 2007, puis une couronne de champion d’Allemagne en 2008 avec les Braunschweig Lions. Avant de refaire une pige chez les Argonautes la saison suivante.

Depuis 2010, je suis pensionnaire des Calanda Broncos en Suisse, avec qui j’ai glané trois bagues de champions de Suisse, un MVP du SwissBowl, une EFAF CUP et un titre EuroBowl cette année.

Aujourd’hui, où en es-tu de ta carrière en tant que joueur ? Est-elle définitivement clause ?
C’est définitivement terminé pour moi. Avec 12 bagues de champions, j’ai eu une carrière vraiment accomplie et puis terminer sur une victoire en EuroBowl cette année, je ne pouvais pas espérer mieux comme fin d'une carrière bien remplie.

@ Yoan Schnee

Je sais que tu as des diplômes dans le domaine de la finance, est-ce la prochaine étape pour toi ? Des pistes pour ta reconversion ?
Tout à fait, j’ai déjà travaillé à la Bourse de Paris lorsque j’étais aux Argonautes, je m’entraînais individuellement la semaine et rentrais le weekend pour jouer. J’ai passé quelques entretiens depuis la fin de saison, mais ce milieu véhicule des valeurs qui sont à l’opposé même de celles que nous partageons dans le football. Après toutes ces années, je réalise que ce n’est pas ce dont j’ai envie. J’accumulais les petits compromis jusqu’à présent, mais ça ne correspond ni à mon éthique et ni aux relations sociales que je souhaite avoir. On est bien loin de la rigueur, du dépassement de soi et de l’esprit d’équipe, le seul challenge dans ce domaine, c’est d’avoir un plus gros bateau que son collègue. Du coup, je sais maintenant que je veux m’investir dans le football, pour rendre tout ce qu’il m’a apporté et faire avancer le développement de notre sport. J’ai déjà commencé, dans un sens, car depuis 2008, je fais signer des joueurs américains en Europe, pour permettre aux clubs de signer les joueurs qu’ils méritent. Plus il y a de compétition parmi les joueurs US pour venir en Europe et moins les équipes feront de mauvais choix.

Tu envisages alors une carrière d’agent ? Poursuivre l’aventure aux USA ?
Je n’ai pas de plan de carrière, puis je suis plus un consultant qu'un agent, je ne cherche pas la grosse commission. Je suis plus une sorte de facilitateur pour permettre aux clubs de profiter de tout mon réseau et toutes les expériences que j’ai connues, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Travailler aux USA, ce n'est pas d'actualité ! Mais j’aimerais pourquoi pas travailler en Autriche, j’en garde un excellent souvenir, car se sont de vrais passionnés de leur sport, qui le défendent et transmettent le virus. C'est très important car si notre (petite) communauté ne défend pas son sport en bloc uni, qui le fera ! C’est grâce à ça qu’ils ont pu notamment donner un nouveau souffle au foot US dans leur pays.

Tu es convaincu du développement de football américain en France ?
Bien sur, pour convaincre, il faut être convaincu. On dispose d’un "produit" de qualité, si tu équipes un gamin d’un casque et d’épaulières, il va de suite se prendre pour Superman. Nos valeurs de rigueur, de courage, d'esprit d'équipe, d'abnégation sont dans l'ère du temps. On peut vraiment faire quelque chose ! Et pour ceux qui aiment parler du rugby, ce n'est que 413 000 licenciés. C’est un faux problème. Il nous reste alors à notre disposition un bassin potentiel de 20 millions de jeunes Français. Et notre sport est encore plus spectaculaire et plus dans le style urbain ! Il faut absolument prendre au sérieux notre sport et lui donner la crédibilité qu'il mérite, et je serais ravi d’y participer humblement. Cela dans le but d’attirer des passionnés, des sponsors, des bénévoles, de pouvoir former toujours mieux les joueurs et d’aider au mieux les entraîneurs. Je pense que je peux apporter ma pierre à l’édifice et faire progresser le football américain, grâce a mes nombreuses expériences et au réseau que je me suis forgé. Il y a tellement de choses intéressantes qui se font dans les fédérations (EFAF ou FFFA). Il faut créer une émulation et des liens entre les experts dans leur industrie passionnés de foot US et avec les cadres sportifs, pour collaborer et que notre sport bénéficie de leur expérience pointue. Pour cela il faut parler leur langue. Ce sont pour moi des problématiques centrales au développement du foot US et qui sont très intéressantes.  

Comment t’es-tu retrouvé ici… à Toulouse ?
C’est une conjonction de coïncidences, lors de mon passage à Capbreton pour ma rééducation du genou, j’ai rencontré beaucoup de Toulousains, notamment des rugbymen de Blagnac, avec qui j’ai sympathisé. Je trouvais que nous avions des valeurs assez similaires comparé a d'autres sports. J’ai également de la famille dans la région, à Rodez pour être exact, qui depuis très longtemps me fait de la bonne publicité de Toulouse.
Alors à la fin de mon séjour dans les Landes, j’ai décidé de prendre quelques semaines de vacances sur Toulouse, j’ai loué un appartement afin de découvrir au mieux la région. Je dois avouer que maintenant que je l’ai découverte, il fait bon y vivre, j’adore Toulouse.

En vacances alors, mais jamais vraiment loin d’un terrain ?
Oui, c’est un peu par hasard, mais un ami en commun nous à mis en relation, moi et le président des Ours. Je l’ai contacté et nous avons forcément évoqué le football, il m’a présenté le projet du club, j’ai aimé son discours, je l’ai trouvé cohérent. Du coup j’ai eu envie de passer au club, de venir voir par moi même. On sent tout de suite la passion des différents groupes de joueurs et des bénévoles et c'est cela qui fait vivre un club !

Après avoir passé la semaine au club et d’après tes nombreuses expériences, quelles sont tes impressions sur les Ours ?
Les Ours sont sur la bonne voie, la politique du club est cohérente, le club est bien structuré avec un travail colossal déjà accompli. Bien sur il ne faut pas s’arrêter la, mais avec ces structures et les projets en cours, le potentiel est immense. Le club a vraiment la possibilité d’être le leader régional en équipé, mais aussi en cheer, en flag et dans la formation. La progression des jeunes est essentielle et elle passera forcément par le développement ainsi qu’un rayonnement régional du club. Cela permettra aux jeunes d’accéder plus simplement à des infrastructures de qualité et donc de progresser tout en réduisant les coûts de déplacement notamment.
J’aime aussi beaucoup ce que fait le club en dehors du terrain autour de son programme "City Ours", transférer la rigueur, la cohésion, la solidarité en dehors du terrain, créer du lien social, transmettre ces valeurs essentielles à mes yeux. Nous devons partager avec toute la ville ces valeurs que notre sport nous fait partager en temps que passionnés. Ces valeurs créent de solides bases pour de futurs leaders dans la société.

On remercie encore Yoan pour le temps qu'il a bien voulu nous accorder, tout en lui souhaitant bon vent pour le démarrage de sa nouvelle vie hors des terrains, en espérant avoir l’occasion de le recroiser bientôt dans notre belle ville rose.

@ Yoan Schnee